Il était une fois un couple. Le garçon jouait au poker sur son pc pendant que sa copine le regardait. Ils se racontaient leur journée respective. Il lui narra ses pénibles 8 heures passées à tenter de comprendre son rôle sur son nouveau projet qui prenait la direction du mur.
Puis sur une de ses 8 tables lui vint KK. La discussion fût alors mise sur pause afin qu'il se concentre sur la main.
Bien entendu il relança gaiement préflop UTG et ne fût payé que par la grosse blinde.
Un joli flop pointa le bout de son nez : Q93. Le vilain de grosse blinde misa alors 2/3 du pot. Un donk bet. Hum ... Monsieur réfléchis, puis regarda sa tendre moitié et lui dit : "il a touché son brelan de dame l'enfoiré de merde, je paie". Admirons la logique entre son raisonnement et l'action prise ... En fait le cerveau est toujours à même de réfléchir sereinement même après une journée de taf harassante. Mais tandis que sa partie gauche lui dicte la raison eh bien la partie de droite a envie, elle, de se défouler dans un tel contexte, de canalyser puis d'évacuer tout le stress, l'énervement, la colère accumulés pendant la journée. Et il est vraisemblable que c'est dans cette partie là que le clic de souris se gère... Diantre que le monde est mal fait. Peut-être que les gauchers ont plus de chance ...
M'enfin il reste 2 streets pour que le cerveau de notre héros revienne en adéquation.

Turn : 2.
Vilain donk bet encore 2/3 du pot. Monsieur s'exclame à nouveau mais sur un ton plus agressif et avec un volume plus élevé "il a touché son putain de brelan de dames de merde cet espère d'enfoiré d'batard !!"
...
et il clic sur call ...
Ne me demandez pas pourquoi, même lui ne se l'est pas encore expliqué ...

La river amène un T. Vilain continue gaiement de value en envoyant la boîte.
Notre héros bien fier de son read exceptionnel devant sa moitié ne réfléchit plus, il est énervé, il peste, il soupire, il supplie et il ... clique sur call.

Vilain montre une main presque inattendue : QQ pour un brelan floppé, ô surprise.
Notre héros, abattu, rentre la tête dans les épaules et, se tournant vers sa mie lui adresse un serein : "je t'avais bien dit qu'il avait brelan, bon bah maintenant il va falloir que tu me laisses car je suis énervé".

Et Monsieur récidivera dans l'art de perdre des caves de manière abjecte encore plusieurs fois au cours de cette session calamiteuse.
Ainsi lorsqu'il aura 88 au bouton, il open raisera (classique). La petite blinde le surrelancera (hum, moins classique dans le contexte de la main), Héros décidera alors de 3-better car avec 88 on n'a pas super envie d'aller voir un flop et on préfère directement faire folder les mains genre AQ, AJ et autre KQ. Mais vilain ne s'en laissera pas compter et il fera tapis. Et là, notre héros comprendra qu'il est battu, il soupirera, il s'énervera, il grognera et il ... cliquera sur call en clamant simplement "allez tien c'est cadeau connard".
Et oui, Héros ne veut pas bien jouer ici, il veut suckout, ou faire un don comme si Vilain était Haïtien ...

Peu de temps après il terminera la pire session qu'il ait faite en terme de perte d'argent : -135$ | -4,5 caves.

Normal me direz-vous : ce mec a joué comme un clown débile. Et je partage votre avis, celui qui se prétend le Héros dans les mains qu'il montre habituellement de ci de là a joué comme une bouse de zébu tout juste démoulée et malodorante à souhait. Il n'a eu que ce qu'il méritait.
Les mecs qui jouent de cette manière sont mes amis lorsque je les croise à table. Je les inviterais bien à venir me parler de leur façon de jouer au poker un mercredi soir autour d'un bon diner.

Le seul problème c'est que ce mec ça a été moi mardi soir. Enfin pas moi, mais c'était en tout cas ce mec qui jouait à mon bureau, avec mes vêtements, ma façon de parler, mes comptes de poker, ma copine ... bref ce charmant connard, mine de rien, me ressemble pas mal. Sauf que je n'ai pas aimé avoir cet étranger chez moi, touchant à mes affaires, fourrant son nez dans mon poker, perdant mes caves, posant son cul sur mon siège, ma nana sur ses genoux et postillonant à souhait sur mes 2 écrans en laissant ses traces de transpiration sur ma souris. Non je n'ai pas aimé ça du tout !!

Oui, chose certaine : ce mec je ne veux plus le voir. C'était notre première rencontre, j'ose espérer que ça aura été la dernière. Je ferai tout pour.
D'ailleurs pour éviter de le recroiser je me suis remis en break. Pas de poker pendant quelques jours. Il faut que j'attende une période plus propice car lorsque le taf se passe mal, ce mec, à coup sûr, le sent et maintenant qu'il connaît un peu les lieux, il pourra alors revenir subrepticement squatter mon chez moi pour à nouveau chier dans mes bottes.

La forteresse inexpugnable que je pensais être en terme d'état d'esprit aux tables de poker s'est quelque peu ébranlée ces derniers temps. Il faut rompre avec cette routine du jeu. Je vais me changer les idées, recharger les batteries. Le printemps doit arriver rapidement car il sera un catalyseur non négligeable à ma réaction chimique interne.

Perdre de l'argent au poker n'est pas grave, tant qu'il est perdu sur un coup du sort et que j'ai misé le maximum en étant favori. Mais perdre en jouant comme le demeuré qui a usurpé mon identité et tout le reste mardi soir, ça ça fout grave les boules.

Le roseau plie mais ne se rompt pas, la garde meurt mais ne se rend pas, olinsha break mais n'abandonne pas.

I'll be back soon, stay tuned ;)

Compteur mensuel : 288$

Bye