Poker, son intérêt et mes objectifs

Après ce premier message d'explication du pourquoi du comment de l'existence de ce blog il est temps d'en venir au fait.

Alors les choses sont simples. J'ai fais mes premiers pas dans le PokerWorld il y a presque un an.
J'ai rapidement compris que ce jeu était pour moi car loin d'être un jeu de hasard, le poker est en fait un jeu de réflexion, tactique, mental.
Le but est de prendre l'ascendant sur ses adversaires, de leur foutre la trouille, de se faire respecter. Et c'est là toute la difficulté du schmilblick : pour se faire respecter il faut jouer agressif et montrer (ou plutôt parvenir à faire croire à ses adversaires) que l'on possède une belle main à chaque fois.

Et c'est là que ça se corse : les belles mains au poker sont très rares.
Seules 20% des mains de départ sont des bonnes mains et même avec une belle main de départ, le flop décide de tout (attention je parle du jeu full ring, bref sur une table de 9 ou 10 joueurs, c'est un peu moins vrai en SH, shorthanded (table de 3 à 6 joueurs,) et c'est plutôt faux sur une table de Heads Up (2 joueurs)). Avec un flop que l'on rate nos petites pocket pairs par exemple ne valent plus trippette, de même qu'une superbe main de départ comme AK ou AQ sur un flop 2 5 8 ou autre flop dry (flop avec uniquement des petites cartes).

Pour résumer seulement une main sur 5 vaut le coup d'être jouée au départ et le flop ne sera intéressant au mieux qu'une fois sur 3. En comprenant ça on réalise à quel point il est difficile de faire croire à ses adversaires que l'on possède souvent de belles mains et que l'on touche à chaque coup.

Il faut donc se ballader sur la crête et arriver à garder l'équilibre entre agressivité respectée et bluff à outrance. Et croyez moi c'est très difficile !!

Et c'est en ça que réside l'intérêt du poker : la conservation de l'équilibre.

Jouer au poker c'est faire le funambule.

Je me suis donc lancé dans cette nouvelle expérience. Mais, avec des réserves. Je n'ai pas le tempérament d'un Icare, pas envie de me bruler les ailes. J'ai donc opté pour une solution sage : partir de 0$, aucun investissement personnel.
Alors bien sûr du coup la route est beaucoup plus longue. Mais au moins j'ai le temps d'apprendre confortablement pendant le trajet plutôt que d'arriver rapidement à destination sans les connaissances requises.

Mes objectifs étaient simples :

* en premier lieu : m'amuser et ne pas abuser. Le poker prend du temps, de l'énergie, il faut donc garder le contrôle car pour peu qu'on se prenne au jeu l'addiction guette.

* financièrement, à long terme je vois le poker comme une potentielle source de revenus secondaire. En gros l'argent gagné au poker pourrait être le moteur d'autres passions personnelles (et notamment les voyages). Et pourquoi pas imaginer que d'ici 3 ans je passe aux 4/5ème au boulot pour consacrer une demie-journée au poker et l'autre demie-journée au sport.
Bref une qualité de vie assez sympa qui me fait bien envie :)

* à court terme l'objectif 2007 était de gagner un petit millier de dollars. Pas très ambitieux j'avoue mais en partant de 0$ la pompe prend énormément de temps à amorcer.
Cet objectif a été atteint avec des gains de 1170$ au 31/12/2007 (dont une belle victoire qui m'a rapporté 61$ sur Mermaid Poker dans un freeroll 200$ le soir du réveillon (oui oui je sais, sympa le réveillon devant son pc ... mais les fêtes de fin d'année ce n'est vraiment pas mon truc, moi je souffre de dépression hivernale à cette période donc bon, comprenez-moi :) )

* l'objectif pour 2008 est de gagner 2000$. Je n'ai pas encore la bankroll suffisante pour espérer gagner plus car mes 1170$ sont disséminés sur une douzaine de sites différents ce qui fait que je n'ai pas un site de référence sur lequel j'ai une BK assez élevée pour m'inscrire à des tournois plus chers ou évoluer en cashgame à des limites plus élevées. C'est un peu frustrant mais ce n'est pas grave. Je prends mon temps. Qui veut aller loin ... petit scarabée.
Car oui je ne l'ai pas dit encore mais la patience est fondamentale au poker.
Un adage de Lao Tzeu évoque parfaitement l'attitude qu'il faut avoir au poker :
N'en veux pas à tes ennemis, assieds toi au bord de la rivière et attends de voir passer leurs corps.

On ne gagne pas au poker parce qu'on est très bon. On gagne uniquement parce que les autres font des erreurs. Il faut donc attendre patiemment ces erreurs et en profiter un maximum.

Bref, voilà en gros pour cette année. 165$ par mois. C'est l'objectif. Sachant que je gagnerai surement plus en fin d'année qu'au début car mes bankroll gonfleront avec le temps et m'ouvriront l'accès à des tournois et des limites de CG plus sympas et rémunérateurs.

Nous sommes le 13 Janvier. Pour le moment je suis en avance sur mon objectif mensuel puisque le compteur indique 93$ depuis le début du mois.
Ceci grace à une belle victoire hier dans un freeroll 200$ privatif (nous n'étions que 22 joueurs pour 9 places payées) qui m'a rapporté 60$ sur une room qui ne faisait pas partie de la longue liste de room que je fréquentais déjà l'année dernière : Vegas Poker.

Hier j'avais les dieux du poker avec moi donc pas vraiment de quoi être fier. Mais ça fait du bien en tout cas d'être celui qui inflige les bad beats plutôt que celui qui les prend dans le buffet.

Petit résumé pour ceux que ça intéresse :

22 joueurs au départ pour 9 places payées. Bref je me mets en mode Sit N Go pour la stratégie. (Je reviendrai à mes stratégie Sit N Go, Cash Game et Tounoi dans un prochain message car c'est vraiment trois styles de jeu différents).

Je joue donc très serré, je laisse les autres se bouffer entre eux et j'attends mon heure, les bonnes cartes.

Je ne joue quasiment pas la première heure. Je grapille deux trois pots pour me maintenir à mon tapis de départ.
A un moment je touche AKs je relance out of position et je suis suivi par le boutton.
Un flop dry tombe (du genre 8 3 T). Je fais un Continuation Bet classique et mon adversaire fold. Ce coup me permet de me hisser dans le top 9 à la pause (plus que 13 joueurs en jeu).

A la reprise je me tiens tranquille et regarde tomber les autres un à un.
Puis la chance débarque. Je suis 3ème avec 4000 jetons (plus que 6 joueurs), ce qui n'est pas terrible pusique le CL a 11000. C'est le short stack de la table qui est de BB. Je me doute qu'il va envoyer son tapis et je pense que les autres le savent et ne vont pas vouloir rentrer dans le coup. Moi j'ai pp6 (pocket pair de 6). Je veux voler les blindes et sortir le shortstack pour me remettre à flow donc j'envoie moi-même allin sur cette table où ça joue plutôt serré à l'approche des places payantes. Je suis UTG et tout le monde folde comme prévu sauf le boutton qui a un gros tapis et qui me call. Ca sent mauvais. Très mauvais même quand je découvre sa paire d'as. Aie ! Mais le flop miraculeux arrive. Un 6 auquel je ne croyais plus me donne le brelan. Ca tient jusqu'au bout. Du coup je gagne un gros pot et me hisse Chipleader. Ca fait du bien !

Le temps passe.
Nous ne sommes plus que 4. Puis 3. Ca devient important : le troisième ne repart qu'avec 24$ (contre 40 et 60$ pour les deux autres). Bref l'écart entre chaque place est important.
Personne ne veut sortir 3ème. Moi moins que les autres :)

Mes adversaires ne me laissent aucun répit.
Je rate un coup avec un C-Bet où j'me fait relancer à tapis, je fold et me revoici à 5000 jetons quand les deux autres ont 9000 et 15000. Il faut que je bouge rapidement.

Je touche K5 à la petite blinde et j'envoie le tapis sur un adversaire plutôt serré qui m'a gracieusement offert sa BB à chaqcune de mes tentatives de vol jusqu'à présent. Pas cette fois. Et pour cause elle retourne KQ. Je sens que je vais prendre une tarte et me retrouver très mal. C'était sans compter sur mon ami le flop qui m'apporte non pas un 5 mais deux !! Brelan !! Je sors mon adversaire sans vraiment être très fier de ce coup assez moche.

Me revoici dans le coup.

Puis arrive le coup décisif. Je suis à la BB avec 4 2 de trêfle. Mon adversaire UTG limpe, le second complète sa SB.
Le flop arrive : 8 7 T dont 2 trêfles.
Je veux prendre le pot tout de suite en semi-bluff car ma main a un fort potentiel.
Je mise donc les deux tiers du pot (2000) en pensant que ça suffira.
Et là le limper PF me raise à tapis. Wow !!
Je réfléchis. Si je fold là je redescend très bas en dernière position et je suis quasi sûr de terminer 3ème (à 95% de chance j'estime). Si je call j'ai 35% de chance de toucher ma couleur, seule main qui m'apporterait la victoire dans ce pot) et en gagnant je deviens archi cheapleader et quasi sûr de remporter le tournoi (80% de chance selon moi). Dans 65% des cas je sors du tournoi 3ème. Bref les chiffres m'indiquent qu'il faut prendre le risque. Le jeu en vaut la chandelle
Donc je call !!
Le turn ? une brique qui ne m'apporte rien face aux deux rois de mon adversaires qui a eu tort de slowplayer ;)
Et la délivrance arrive sur la river avec un trêfle qui me permet de gagner le pot le plus énorme du tournoi.

Ensuite, en heads up, je me ballade. Mon adversaire n'est pas agressif. Il n'a pas compris qu'il faut m'envoyer le tapis dès que possible en espérant doubler. Au lieu de ça il folde quasi systématiquement sur mes relances. J'ai 24000 et lui 4000. Le pire c'est qu'à chaque main je touche un monstre : deux fois AJ de suite. KQ, A9, etc.
Bref je le mange tout cru sur un dernier coup avec A2 vs Q7

Et voilà comment la bankroll gonfle encore un peu. Pourvu que ça dure ;)

Respect